En savoir plus sur l’échelle d’éco-anxiété de Hogg

L’échelle d’éco-anxiété de Hogg (EEAH) a été conçue par une équipe de chercheurs australe-néozélandais, dirigée par T. Hogg. Elle est le fruit de plusieurs années de recherche et synthétise nombre d’autres recherches sur le concept de l’éco-anxiété.

L’éco-anxiété, un concept scientifique, pas un effet de mode

Ceci montre que la notion d’éco-anxiété ne « sort pas d’un chapeau » et n’est en rien un effet de mode. Qu’on en juge : la première occurence scientifique du terme date du siècle dernier puisque que c’est une chercheuse belgo-canadienne spécialisée sur la santé environnementale qui en parle, dès 1997 !…

Pourtant comme l‘indique Eddy Fougier dans son rapport pour la Fondation Jean Jaurès, on n’a commencé vraiment à parler de l’éco-anxiété dans les médias que depuis 2019 alors que les scientifiques alertent sur les problèmes environnementaux depuis environ 50 ans…

Un triple intérêt pour les praticiens et le grand public éco-anxieux

Revenons à l’EEAH. L’intérêt de cette échelle est triple :

  • elle définit simplement l’éco-anxiété dans un cadre à la fois scientifique et pour les praticiens en santé mentale (« détresse mentale et émotionnelle qu’un individu peut ressentir en réponse à la menace du changement climatique et aux problèmes environnementaux globaux« ) ;
  • elle propose une échelle de mesure de l’éco-anxiété facile à administrer ;
  • elle complète cette échelle par un tableau clinique en 4 familles* et 13 facteurs, validés scientifiquement.

*Le référentiel multi-factoriel de Hogg pour mesurer les dimensions de l’éco-anxiété :

Les travaux de Hogg sont un premier grand pas, fondamental. Non seulement pour la vulgarisation du concept, mais aussi pour la mesure correcte l’éco-anxiété qui ne peut s’appréhender par un sondage d’opinion, puisque c’est une détresse psychologique, susceptible de menacer la santé mentale. Ces travaux offrent surtout la possibilité de pouvoir diagnostiquer l’éco-anxiété auprès des personnes qui en souffrent et de faire reconnaître cette souffrance par un praticiens en santé mentale.

Quid en France ?

Toutefois, il manquait aux travaux de Hogg trois choses pour les appliquer concrètement en France :

  • une transposition culturelle française de cette échelle, validée scientifiquement ;
  • un premier état des lieux sur un large échantillon de la population française ;
  • un étalonnage des résultats afin de spécifier une intensité de l’échelle, un peu à la façon d’un thermomètre, pour pouvoir déterminer des degrés (de « pas éco-anxieux » à « très fortement éco-anxieux »).

C’est la mission de que s’est donnée l’OBVECO (Observatoire des vécus du collapse) dès la fin de l’année 2021, à la lecture du papier scientifique publié par l’équipe de Hogg. Transposer les travaux de Hogg nécessite un vrai travail de recherche scientifique, il ne s’agit pas de simplement traduire l’échelle en français ! Encore faut-il l’appliquer sur un échantillon de personnes suffisant et vérifier statistiquement que les items de mesure fonctionnent toujours correctement dans le contexte français.

C’est ainsi que progresse la science, par recherches successives, ce qui permet de s’appuyer sur les travaux antérieurs validés et publiés dans des revues à comité de lecture scientifique et de proposer un outil de mesure fiable et robuste, validé selon les canons scientifiques.

C’est pourquoi l’OBVECO à lancé début 2022 une grande étude nationale, constituée de 3 vagues d’analyses successives et d’articles scientifiques publiés, ou en cours de publication :

Ce travail a été également l’occasion de créer l’OBSECA (l’Observatoire de l’éco-anxiété), premier observatoire français à mesurer l’éco-anxiété en France.

Un véritable diagnostic de l’éco-anxiété, pour prendre soin des éco-anxieux

Désormais, il est possible de diagnostiquer l’éco-anxiété, comme le propose la Maison des éco-anxieux.

Mais ce diagnostic doit être effectué par des personnels de soins, praticiens de la santé mentale (psychiatres, psychologues, psychothérapeutes certifié par l’Agence régionale de santé) dûment formés au maniement de l’échelle de Hogg). Attention au pseudo gourous, improvisé experts de l’éco-anxiété, qui font croire qu’ils peuvent vous soigner alors qu’ils ne sont pas personnels de soin ! Pour s’en prémunir, vérifiez leur diplôme et leur titre de praticien. S’ils n’ont pas de numéro ADELI, méfiez-vous, même s’ils disent être psys !…

Grâce à ce diagnostic, les praticiens reconnus peuvent mieux accompagner les éco-anxieux, en connaissant:

  • les thématiques qui les affectent le plus (grâce au référentiel de Hogg) ;
  • le degré d’intensité de leur éco-anxiété – et donc de risque à la santé mentale.

L’éco-anxiété étant plus ou moins intense, ceux qui la vivent ne sont pas forcément menacés dans leur santé mentale. Seuls ceux qui sont fortement ou très fortement éco-anxieux (et donc menacés dans leur santé mentale) sont susceptibles d’être en détresse psychologique ; ils nécessitent le recours à un praticien en santé mentale, exclusivement.

Pour des niveaux d’éco-anxiété moins intenses (moyennement ou faiblement éco-anxieux), d’autres types de praticiens peuvent intervenir, comme des thérapeutes ou des coachs, là encore, dûment certifiés ou diplômés, formés à l’éco-anxiété. Ils pourront vous aider à mieux vous porter, notamment en vous aidant à gérer vos écoémotions et à retrouver le chemin de l’action.

Pour les éco-anxieux les moins touchés, l’auto-médication peut fonctionner. D’abord en comprenant bien ce qu’est l’éco-anxiété, en recourant à des conseils : en s’informant, en assistant à des conférences d’expert, en s’appropriant des tutos… Puis en tentant de bien vivre son éco-anxiété en appliquant au quotidien ces conseils

Toutefois, si vous vous pensez être dans cette catégorie mais que vous constatez que vos symptômes d’éco-anxiété et que votre mal-être s’intensifient, n’hésitez pas à recourir à un expert en santé mentale, formé à l’éco-anxiété.

On voit donc toute l’importance d’effectuer un diagnostic solide et professionnel, en amont de toute action ou de toute prise en charge, à l’aide d’un outil validé scientifiquement manié par des personnels de soin, formés à l’utilisation des outils psychométriques.

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